Je me réveillai d'un seul coup quand quelqu'un tambourina à ma porte. Je me levai, pris un couteau pour me protéger d'un agresseur, et allai vers la porte quand je me rendis compte que j'étais encore en tenue de nuit, horrible ! Je me ressaisis et m'habillai en vitesse. J'ouvris la porte, cachant le couteau derrière mon dos et avec mes cheveux bruns en bataille, je vis l'aubergiste :
« Sortez vite ! S'exclama-t-il, il y a la garde royale qui va passer ! Il paraît qu'ils ont capturé un démon !
- Un démon ? Lui demandai-je sous le choc, vraiment ? Dans ma tête je me disais que c'était simplement impossible, les démons n'existaient pas, c'était seulement dans les contes de fées qu'on nous lisait quand on était encore des enfants en bas âge.
- Oui, je vous l'assure ! Venez ! »
Je le suivis en fermant soigneusement la porte de ma chambre, on ne savait jamais quand les voleurs feraient leur apparition. Je rejoignis l'aubergiste au centre du petit village qu'était Cherbourg où la garde royale allait passer. L'aubergiste était un vieil d'homme âgé de cinquante sept ans, il avait les cheveux grisonnant, des yeux bruns tirant vers le noisette et des fossettes très marquées. Il n'était pas très grand non plus, mais assez mince, il avait vraiment la forme ! Concernant la garde royale, c'était le rêve de tous les soldats, servir la cours impérial de Phyliss, un rêve que je ne partageais pas. Pourquoi ? Parce que dans notre Empire, on nous rabâchait tout le temps que l'empereur de Phyliss était un tyran et qu'il ne fallait pas quitter l'empire et les rejoindre. Malheureusement, c'était la même chose des deux côtés, enfin c'était seulement ce que je pensais. Peut-être que ce n'était pas le cas, mais je n'en savais rien.
Je lançai quelques regards dans la direction où devrait arriver la garde royale. Quelques minutes plus tard, celle-ci arriva dans une grande carriole avec à l'arrière une grande cage en barreaux de fer. Je me frayai un passage entre toutes les personnes réunies pour avoir une bonne place, effectivement, je voulais voir ce « démon » de mes propres yeux. A mon passage, certains habitants me jetaient des regards noirs tandis que d'autres me grognaient dessus.
Les soldats firent taire la foule d'un signe de la main et mirent la cage sur l'estrade de la place principale. A l'intérieur de celle-ci, il y avait un petit renard. L'animal était d'un blanc pur et d'une rousseur couleur feu, ses yeux ressemblaient à ceux des reptiles ; un iris jaune avec une pupille droite qui était d'un noir ténébreux ; et le plus intrigant, c'était qu'il possédait douze petites queues. Mais, ce petit animal, semblait triste et perdu. Quand les soldats posèrent la cage au sol, il leva la tête et plongea son regard dans le miens. Je savais bien que je l'avais vu quelque part, c'était celui de mon rêve mais je ne voulais pas m'approcher au risque de me faire enfermer à mon tour même si, je trouvais cela complètement absurde, non mais franchement, ce n'était qu'un petit animal sans défense enfin, c'est ce que je croyais fermement.
Il ne bougea pas la tête, son regard toujours rivé sur le miens. C'était à ce moment-là, qu'un des soldats, une jeune d'à peu près dix-huit ans, suivit le regard du renard. Il m'observait, me détaillait et se retourna vers ses collègues. Mais, je n'avais pas pu entendre leur conversation, il parlait trop bas. Un autre soldat, légèrement plus âgé, je dirais aux alentours de vingt ans, s'approcha dangereusement de moi, me regardant de ses prunelles vertes. Il me prit le bras et m'amena devant tout le monde :
« Pourquoi le démon te fixe depuis tout à l'heure, jeune fille ?
- Comment voulez-vous que je le sache ! Et puis, c'est un petit animal sans défense, il ne peut rien vous faire ! C'est cruel ! Dis-je en me débattant pour qu'il me lâche.
- Vous ne semblez ne pas dire la vérité ! Enlevez-moi cette capuche que l'on voit votre visage de sorcière ! S'exclama-t-il. Il leva sa main vers ma capuche quand le renard se mit à rugir de toutes ses forces.
- Ne la touchez pas, humain ! Cria le renard.
- Et pourquoi cela, démon ? Ricana-t-il, c'est ta copine ?
- Pourquoi devrais-je parlementer avec des personnes de votre espèce ? Vous n'êtes que de la vermine pour elle et pour moi, réagissait-il.
- Comment oses-tu démon ! Appeler le commandant, j'aimerai biens savoir son avis sur la question... souffla-t-il. »
Après avoir entendu les ordres, le jeune soldat, qui s'était approché, partit en direction de la carriole, où se tenait dedans, le plus improbable de tous les commandants, celui que je n'aurais aimé ne jamais revoir de ma vie. Celui que je haïssais depuis notre rencontre...
Un homme sortit de cette carriole et tout le peuple se tût. Ils le reconnurent et se reculèrent tous en même temps, laissant un drôle d'espace entre nous et eux. Il s'avança vers moi. Je reconnus tout de suite ses cheveux blonds, ses yeux mauves, cette méchanceté, cette froideur, cet homme sans âme. Heicko. Juste à entendre le nom, j'étais déjà agacée. Manquait plus que ça, non mais sérieux, fallait que ce soit lui, non mais je rêvais !
Je me retournai d'un coup pour ne pas lui faire face. Il s'avança en premier lieu vers un de ses soldats. Celui-ci lui raconta l'histoire d'un démon regardant et défendant une jeune fille qui n'était pas d'ici. Puis, il s'avança vers moi, afficha un sourire moqueur sur son visage, j'allais en prendre pleins la gueule avec ce mec :
« Oh ! Mais qui vois-je, la gamine d'hier ! Ricana-t-il.
- Oh ! mais qui vois-je, l'insolent d'hier ! Souris-je moqueuse.
- Tu devrais éviter de faire la maligne, tu n'es pas d'ici et en plus, on te voit en pleine connaissance avec un démon, c'est magnifique !
- Tu devrais éviter de faire le malin avec moi, car oui, j'ai un démon de mon côté.
- Tu devrais éviter de faire la fière, car tu ne vas pas rester en vie longtemps.
- Tu devrais éviter de me faire chier avant que je te fasse bouffer la terre.
- On cherche à faire la maligne dans cette situation, tu devrais éviter ma petite, parce que tu vas devoir passer devant la cours impériale, pour recevoir un jugement.
- Et tu crois une seconde, que je fais me laisser faire, monsieur ?
- Tu devrais, ma petite.
- C'est que tu ne me connais mal, rigolai-je ironiquement, là toute suite, je ne suis plus d'humeur à t'écouter, alors tu vas gentiment dégager le passage et arrêter de me faire chier, sinon le sol va arriver très vite et la terre aussi.
- C'est bien continue de le distraire, je vais détruire ses barreaux et on va déguerpir d'ici vite fait bien fait, me dit le renard, dans ma tête. De la télépathie ! Cela devenait de plus en plus bizarre. »
C'est là qu'un soldat me prit les mains, et me les plaqua dans le dos, essayant de me faire prosterner devant le commandant. D'un coup, mes paupières se fermèrent et je m'évanouissais. J'entendis des cris apeurés. Je ne savais pas ce que c'était, ni ce qui se passait, mais j'entendis :
« Écartez-vous ! Fuyez, elle va tous nous tuer si elle ne se calme pas ! »
Cette voix était celle du renard, qui était lui aussi apeuré, je ne savais toujours pas pourquoi mais d'un coup je sentis un poing sur mon ventre :
« Emmenez là, posez là, avec des menottes, dans la carriole. »
Cette voix s'était celle d'Heicko, le commandant. Puis, ce fut le noir complet, plus rien. Je ne voyais que du noir, du noir. J'avais peur. Plusieurs heures plus tard, je me réveillai, attachée à des chaînes dans une cave puante. Où j'étais ? Je ne le savais bien que trop tard...
__________________________________________________________________________________________________________
Quelques légers changement sont à noter entre la version sur wattpad & equideow et celle-ci. Evidemment, je vais aller changer cela aussi sur les deux supports ^.^